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CHAPITRE DOUZIÈME

Londres, son mari se montrant pour elle jaloux et brutal.

Depuis le mariage du prince Napoléon, la situation internationale s’aggravait tous les jours. Le 17 février, il y eut aux Tuileries un dîner auquel je fus invité avec ma femme. En entrant dans le salon, l’Empereur dit à Mme de Reiset qu’il s’était fait un peu attendre parce que, pendant qu’il se rasait, il avait joué avec le Prince impérial qui s’amusait à lui barbouiller la figure de savon. Après avoir recommencé deux fois son petit manège, l’enfant voulait continuer ce jeu. « Encore ! papa, encore ! » disait-il. « Je n’aurais pas fini de m’habiller, si j’avais dû l’écouter », dit l’Empereur. Les préoccupations des affaires d’Italie étaient le sujet de toutes les conversations. Les quatre grandes puissances, – la Russie, la Prusse, l’Angleterre et la France, proposaient un congrès à l’Autriche. L’Empereur m’en parla. Je lui exprimai mon opinion sur la formation d’une confédération italienne : il paraissait m’approuver. « Il est impossible, lui dis-je, d’arriver à ce résultat par des négociations. La guerre seule, limitée à l’Italie, fera céder l’Autriche. » Je lui dis que j’avais fait autrefois pour M. Walewski un mémoire sur la situation de l’Italie, et que j’avais remis à M. de Bassano une lettre de Massimo d’Azeglio, datée du