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CHAPITRE DOUZIÈME

sans doute pour en faire l’éloge, lui disant qu’elle était très contente du choix du Roi, mais qu’elle voulait rester recueillie en elle-même et ne pas en parler. Elle se montra gracieuse et même prévenante pour son fiancé ; à dîner, au bal, partout où elle se trouvait avec lui, on la voyait toujours souriante. Lui était distrait ; il paraissait ne lui parler que par politesse ; il lui disait des choses aimables, affectueuses, comme on les dit à un enfant. Elle garda constamment un aplomb incroyable. Au bal de la cour elle voulut présenter au prince toutes les dames, et comme il cherchait à éviter cette corvée, elle lui dit d’un petit air bien résolu avec son joli sourire : « Allons, venez ; c’est convenable, et cela me fera plaisir. » Il fallut bien obéir. Le contrat de mariage fut signé par toutes les personnes de la cour qui se trouvaient présentes, hommes et femmes. Lorsque les princes se retirèrent, la princesse Clotilde s’approcha du prince Napoléon qui était distrait et regardait en l’air. Elle lui dit : « Donnez-moi le bras ; maintenant nous allons saluer tout le cercle des assistants. » Elle fit une très charmante révérence ; lui salua gauchement et d’un air ennuyé.

Le jour du mariage, au moment d’entrer dans la capella regia, la princesse qui avait dénoué sa palatine de fourrure fut fort embarrassée par son voile