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CHAPITRE ONZIÈME

ture. Les sergents de ville, à l’explosion des bombes fulminantes, ouvrirent les portières, et on transporta, pour éviter tout accident, ces deux dames dans la première boutique ouverte : c’était celle d’un costumier attenant alors au passage de l’Opéra. Un homme de la police les y enferma à clef pour les sauver d’une attaque possible si l’Empereur et l’Impératrice avaient péri. Elles étalent en grande toilette, des diamants au cou ; cinq minutes après ce sergent de ville vint les délivrer. L’Impératrice était déjà dans sa loge, et elle s’inquiétait de leur absence[1]. Je fus prévenu de l’attentat chez mon beau frère le comte d’Arjuzon, chambellan de l’Empereur ; nous courûmes ensemble tout d’abord aux Tuileries, puis à l’Opéra. La rue Le Peletier était encore dans un désordre affreux, le sol ensanglanté, deux chevaux de l’attelage de l’Empereur gisant sans vie à côté de la porte de l’Opéra, toutes les vitres de la devanture brisées ; on emportait les morts et les blessés : un cheval blessé errait dans la rue. Dans les escaliers, dans les couloirs et jusque dans le foyer, on rencontrait les ministres et les personnages officiels venus pour féliciter l’Empereur. Le préfet de police Piétri dinait ce soir-là chez le frère de M. Billault,

  1. Les constatations judiciaires établirent que 156 personnes, hommes, femmes et enfants, avaient été atteintes.