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CHAPITRE ONZIÈME

ques difficultés, c’est ce qui eut lieu grâce à l’intervention personnelle de l’impératrice de Russie. La duchesse de Gênes, qui avant de se rendre au théâtre était allée avec son père baiser la main de l’Impératrice, reparut dans la loge royale à son rang d’autrefois. Son arrivée fit sensation. La pauvre princesse, qui n’avait pas préparé de toilette, avait dû s’habiller en grande hâte pour occuper sa place à côté de l’Impératrice, du roi de Saxe et de tous les membres de la famille royale.

Lorsque l’impératrice de Russie connut avec plus de détails la situation qu’elle venait de dénouer, elle dit être très contente du rôle qu’elle avait été amenée à jouer dans cette pénible brouille de famille. Pendant la soirée de gala, Victor-Emmanuel lui-même, qui avait au fond un excellent cœur, exprima hautement sa satisfaction. La bonne duchesse de Gênes fut loin d’avoir à s’applaudir de son malencontreux mariage. Son mari, créé marquis de Rapallo, ne tarda pas à faire tristement parler de lui. Il mourut en 1882.

Le 7 décembre 1856, je me rendis avec ma belle-mère et ma femme chez l’impératrice Eugénie pour lui faire part de la grossesse de ma femme. Nous la trouvâmes dans son petit salon des Tuileries, tenant le Prince impérial dans ses bras : elle était vraiment