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MES SOUVENIRS

comte de Cavour était visiblement mal disposé pour la duchesse ; cependant il manifesta des sentiments modérés, et le sort de la malheureuse femme fut réglé par un acte que le roi signa. Il promettait de regarder comme non avenu ce mariage morganatique et de continuer à traiter la princesse comme sa belle-sœur, duchesse de Gênes. On lui assigna un apanage en fixant son séjour au château de Gouvon, propriété du prince Thomas, son fils ; on lui laissa la garde de sa fille, la charmante petite princesse Marguerite, alors âgée de cinq ans. Le jeune prince fut envoyé à Moncalieri pour être élevé avec les enfants du Roi. La duchesse, ne pouvant supporter l’air vif de ce château situé sur une haute colline de l’Asteson, alla s’établir sur le lac Majeur.

La veuve de l’empereur Nicolas, l’impératrice mère de Russie, s’étant rendue à Turin, la reine de Prusse, tante de l’Impératrice, lui recommanda la duchesse de Gènes. Dès son arrivée, l’Impératrice dit à Victor-Emmanuel qu’elle désirait la voir. De son côté, le roi de Saxe était arrivé à Stresa : le lendemain, il prit avec sa fille la route de Turin, escorté par le général de la Rocca et le comte Charles de Robilant.

La duchesse de Gènes, rentrée dans son palais de Turin, ne pouvait pas ne pas paraître à la représentation de gala donnée au Grand-Théâtre. Après quel-