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CHAPITRE ONZIÈME

princesse Marguerite, – celle qui par son mariage avec son cousin germain, Humbert de Savoie, est devenue reine d’Italie, épousa au mois d’octobre 1856, après dix-huit mois de deuil, un officier d’ordonnance de son mari, nommé Rapallo. Il avait été question de la marier avec le cousin de l’empereur des Français, le prince Napoléon. Un beau matin Turin apprit que la duchesse venait d’épouser l’ancien officier d’ordonnance du feu duc. La chose parut impossible : cela était cependant. La duchesse avait obtenu par le télégraphe le consentement de son père le roi de Saxe, et le mariage était un fait accompli.

Victor-Emmanuel, furieux, la menaça de lui enlever ses enfants. Le mariage conclu, on ne ménagea plus la pauvre princesse ; elle fut délaissée dans ce grand et beau palais où elle avait été entourée de tant d’hommages. Dans son désespoir, elle se décida à écrire à une des dames de la cour qui, à l’époque du mariage du duc de Gênes, avait été sa meilleure amie, et grâce à sa haute influence auprès du roi un revirement se produisit ; le marquis d’Angrogna, grand maître de la cour du feu duc de Gènes, se présenta aussi au palais ducal pour se mettre à la disposition de la duchesse. Le ministre de Saxe, sachant que le véritable maître était le comte de Cavour, fit faire une démarche auprès du tout-puissant ministre. Le