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MES SOUVENIRS

voulu délier ses sujets de leur serment de fidélité. Il les engageait au contraire à persévérer dans leur foi, leur donnant maints témoignages qui prouvaient combien il tenait à la conserver. Après les événements de 1848, le roi Frédéric-Guillaume avait envoyé à chacun de ses conseillers une médaille d’or pour leur rappeler leur serment de fidélité et leur dévouement à sa personne. Les royalistes de Neuchâtel ne s’étaient jamais dissimulé leur faiblesse ; si malgré cette conviction ils avaient essayé de remettre la principauté sous la domination prussienne, ce n’était que parce qu’ils avaient cru remplir un devoir de loyauté envers leur souverain et parce qu’ils avaient trop compté sur l’assistance que le roi et le prince régent de Prusse n’avaient cessé de leur promettre. Ils expiaient leur confiance par le traitement très pénible qui leur était infligé et que l’approche de l’hiver rendait plus cruel encore pour des hommes habitués à l’existence la plus confortable. Le comte de Pourtalès avait, dit-on, six cent mille livres de rente ; ses compagnons de captivité possédaient dans le canton même des terres considérables.

Vers la même époque, un événement des plus étranges avait mis en révolution la cour de Turin. La veuve du duc de Gênes, à qui avaient été laissés ses deux enfants en bas âge, le prince Thomas et la