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MES SOUVENIRS

projet de se marier en Russie. Il m’en avait parlé souvent, et après la mort du duc de Leuchtenberg il avait même pensé à sa veuve, la grande-duchesse Marie, fille de l’empereur Nicolas. En 1853, il m’avait donné plusieurs de ses portraits lithographiés et m’avait demandé, s’il me serait possible de les faire passer sous les yeux de la grande-duchesse. Peut-être espérait-il alors supplanter le jeune comte Strogonoff, qui épousa depuis secrètement la duchesse de Leuchtenberg.

Les diplomates étrangers commençaient à arriver à Paris pour les conférences. M. de Brunow, l’un des représentants de la Russie, y était accouru le premier. Le pompeux comte Orloff était à Bruxelles, résolu à employer tous les moyens pour rendre favorable à son pays le traité qui allait être élaboré. Il vantait la force des Russes, disant que si la guerre avait duré, avant trois ans ils auraient été à Paris. Les plus jolies femmes de Russie avaient reçu, disait-on, mission de s’y rendre pour séduire les membres du congrès, et le comte Orloff devait distribuer des décorations à profusion. En attendant, les plénipotentiaires, dès leur réunion à Paris, se montrèrent d’une discrétion impénétrable. Le comte de Cavour représentait la Sardaigne au congrès ; il y avait peu de succès : on lui trouvait des formes communes.