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CHAPITRE DIXIÈME

« Mais, mon cher comte, c’est elle-même qui me l’a apprise. » – « J’en suis désolé : elle a plaidé le faux pour savoir le vrai. »

M. de Morny passait pour ruiné en 1848 ; la donation d’un million faite par lui si peu de temps après n’était pas sans motiver de sérieuses critiques. Au mois de septembre, il se rendit comme ambassadeur extraordinaire en Russie, et il assista à Moscou au couronnement d’Alexandre II. En France, on parla beaucoup de son faste. L’impression ne fut pas la même en Russie, à en juger par une lettre intime qu’écrivit de Moscou, le 12-24 septembre 1856, le prince de Sayn-Wittgenstein : « Il n’y a que Morny qui fasse un peu fiasco, malgré les annonces de luxe écrasant par lesquelles il s’était fait précéder. Toute son argenterie est en ruolz ; cela sent diablement Franconi[1].

Le comte de Morny épousa une princesse Troubetzkoï dont la naissance avait été entourée d’incidents très romanesques. La mère de la comtesse de Morny était une princesse Orloff, dame d’honneur de la grande-duchesse Michel sous le règne de Nicolas Ier.

Depuis longtemps, M. de Morny avait formé le

  1. Souvenirs et correspondance du prince Émile de Sayn-Wittgenstein-Berlebourg.