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CHAPITRE DIXIÈME

Massimo d’Azeglio, qui avait accompagné Victor-Emmanuel à Paris et à Londres en qualité d’aide de camp, revint à Paris au mois de décembre. Je dînai avec lui le 21 décembre chez les Villamarina. Cavour le tenait autant que possible à l’écart des affaires, mais il se servait vis-à-vis de l’Europe de sa grande renommée de loyauté et de droiture. Sa présence est la meilleure preuve, disait Cavour, que nous ne sommes pas infestés de la tache révolutionnaire. Napoléon III paraissait alors tout-puissant. Sébastopol venait de succomber. Dans ses conversations avec Victor-Emmanuel, il lui avait dit : « Que peut-on faire pour l’Italie ? » Un homme comme Cavour ne devait pas laisser perdre le fruit d’une pareille ouverture. Il y eut bientôt par des voies secrètes partie nouée entre les deux gouvernements.

Le 14 décembre, je dînai chez Philippe avec le jeune Bonaparte-Paterson. Son père était né du premier mariage du roi Jérôme avec Mlle Paterson, dont il divorça pour épouser une princesse de Wurtemberg. Ce jeune homme était grand, avec de petits yeux, une figure noble, des moustaches blondes, et paraissait avoir vingt-deux ans. L’Empereur l’avait reconnu implicitement en le faisant naturaliser Français, il avait l’accent anglais, quoique parlant bien le français ; il me parut modeste et en un mot