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CHAPITRE NEUVIÈME

voyage à Paris. La considération qui le retient d’exécuter ce projet est la crainte de ne pas recevoir le même accueil que la reine d’Angleterre. Bien que Victor-Emmanuel soit plus à l’aise dans une partie de chasse que dans les pompes d’une réception, il a néanmoins à un trop haut degré le sentiment de la fierté de sa maison et de son rang pour ne pas être jaloux des honneurs plus grands qui auraient été faits à une autre tête couronnée, quelle que soit la différence de puissance. C’est ainsi qu’il raisonne. Allié à la France comme la reine d’Angleterre, il serait profondément blessé s’il n’était pas reçu avec les mêmes marques d’empressement et avec la même solennité. La tranquillité profonde dont notre immense capitale et toute la France jouissent aujourd’hui, comparée aux secousses auxquelles elle était naguère en proie ; le développement et l’essor qu’ont pris notre industrie et notre commerce depuis le retour de l’ordre ; la solidité acquise en si peu d’années par le gouvernement le respect qu’il inspire aux populations, tout cela ne pourrait manquer d’agir sur l’esprit du Roi et de le faire réfléchir sur les causes qui ont créé ces résultats. Ses conversations avec l’Empereur et nos hommes d’État feraient le reste.

Mais ce qui serait le plus important serait de trouver me moyen de placer auprès du Roi une personne