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MES SOUVENIRS

et aussi par l’apathie qu’ont généralement les habitants des petites localités pour tout ce qui ne se rattache pas aux intérêts de leur clocher. Il s’ensuit que la partie la plus saine, la plus tranquille de la population, prenant peu de part aux élections et laissant le champ libre à la partie corrompue et turbulente, celle-ci reste maîtresse de la composition de la Chambre des députés, qui se trouve ainsi représenter, non la nation entière, mais un seul parti, et celui-là même qui a le moins de sympathie et de racines dans le pays. Néanmoins, depuis quelque temps, on paraît se raviser. La plupart des élections partielles qui ont eu lieu dans le cours de la présente session ont été contraires au cabinet et ont fait entrer quelques-uns de ses plus irréconciliables ennemis dans la Chambre des députés. Mais ce changement de dispositions provient bien moins d’un retour au sentiment de l’ordre que du dépit occasionné par les derniers impôts, dont il est pourtant injuste de faire retomber l’odieux sur l’administration actuelle.

« Les hommes d’État sur lesquels le pays comptait le plus pour l’avenir se sont rendus impossibles par leur opposition à l’accession de la Sardaigne au traité d’alliance. Sans cette opposition le ministère Cavour-Rattazzi aurait pu faire place à un ministère