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CHAPITRE NEUVIÈME

sonne, un gouvernement et une chambre des députés complices de cette presse ou en subissant l’influence, une guerre acharnée faite au clergé, les sentiments religieux et le principe d’autorité s’affaiblissant de plus en plus, des finances obérées et les populations se débattant sous le poids d’impôts mal assis, toutes les folles espérances de 1848 renaissant à la suite de la guerre avec la Russie et du traité d’alliance conclu avec nous, tel est l’aspect que présentent aujourd’hui les États sardes.

« Pour remédier à cette situation, on avait compté tour à tour sur le Roi, sur le Sénat, sur quelques hommes d’État, d’une capacité et d’une honnêteté reconnues ; mais ils n’ont jusqu’ici répondu, ni les uns ni les autres, aux espérances qu’on avait placées en eux.

« Le roi Victor-Emmanuel, disait-on il y a quelques années, lorsque la fougue des passions de la jeunesse sera passée, reviendra sans doute aux choses sérieuses et prendra goût aux affaires publiques ; il sentira combien il importe à sa considération actuelle vis-à-vis de l’Europe et de ses propres sujets, à l’honneur de son nom dans l’histoire et à l’intérêt de sa dynastie, de tenir lui-même les rênes du gouvernement au lieu de les laisser passer successivement entre des mains ou suspectes ou d’une fidélité non encore