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CHAPITRE NEUVIÈME

maladie pouvant s’aggraver d’un instant à l’autre, Le prince de Carignan ne quittait point Pollenzio, ce dont s’impatientait le Roi, qui se mettait dans des rages terribles. En cas de mort du Roi, le prince eût été régent du royaume, et il se préparait à cette éventualité. Quoique éloigné des affaires et se tenant modestement à l’écart, il s’était fait mettre au courant des événements. Il redoutait les tendances du ministère Cavour-Rattazzi, le trouble apporté par les luttes religieuses. Il déplorait le peu de cas qu’on faisait du Roi, son peu d’influence. Victor-Emmanuel se rétablit et put faire au mois de novembre le voyage de Paris et de Londres. Je quittai le Lingot le 2 octobre après y avoir passé près de deux mois. Que de souvenirs évoqués ! Que d’intéressants récits échangés ! C’est pendant mon séjour en Piémont que j’appris, de source certaine, les détails du mariage morganatique de la malheureuse duchesse de Berry.

En 1832, le comte Lucchesi-Palli était chargé d’affaires de Naples à la Haye et passait toutes ses soirées chez le comte de Waldburg-Truchsess, ministre de Prusse, qui, veuf depuis peu, n’allait pas dans le monde, mais réunissait chez lui presque journellement le corps diplomatique, du reste seule ressource de cette ville, car les personnes de ce pays vivent tout à fait retirées chez elles. Ses quatre filles