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CHAPITRE NEUVIÈME

venu. Pendant le séjour du roi de Portugal à Turin, un jeune gentilhomme s’était présenté devant son souverain et devant le duc et la duchesse de Brabant un cigare à la bouche ; le rouge en était monté au front de Victor-Emmanuel, qui supporta cependant cette inconvenance sans rien dire. Il ne s’habillait plus ; quoiqu’en deuil, il n’avait même pas d’habit noir. Il portait une sorte d’habit du matin gros vert ou des vestes grises. La duchesse de Brabant lui avait beaucoup plu pendant son court séjour. Il l’invita à faire une partie de campagne à Raconigi ; elle était accompagnée de Mme de Briançon, ancienne dame d’atour de la reine Adèle ; Mmes de la Rocca et d’Aglié s’y trouvaient également.

Victor-Emmanuel m’avait fait l’honneur de m’inviter. Il fut très galant pour la jeune princesse, la regardant comme d’habitude en roulant ses gros yeux. Le duc de Brabant, malade, disait-on, de la poitrine, était alors délicat de santé.

La duchesse de Gênes était revenue de Saxe, ou elle s’était rendue après la mort de son mari. Elle avait amené sa sœur, la princesse Sidonie, à qui elle s’était mis en tête de faire épouser Victor-Emmanuel. Les deux princesses habitaient ensemble le château d’Aglié. « Ma sœur a plus de tête que moi », disait la duchesse de Gênes. Dès leur arrivée, le Roi s’était