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MES SOUVENIRS

les personnes présentes se trouvait une jeune dame du palais, la charmante comtesse C…, très fraîche et très avenante, qui sanglotait à côté d’un gentilhomme, fort ému lui-même. « Elle est morte ! elle n’est plus ! C’était un ange ! s’écriaient-ils tous deux. Quelle terrible perte pour nous tous ! » Puis se rapprochant, émotionnés par un si grand malheur, ils tombèrent dans les bras l’un de autre, en s’embrassant naïvement, si simplement et de si bon cœur qu’on ne pouvait plus les séparer ! Le premier moment d’émotion passé, les jeunes gens dirent aux autres dames du palais que, s’ils avaient su que c’était là l’usage, ils n’y auraient pas manqué.

La mère de la reine Adélaïde, sœur de Charles-Albert, avait épousé l’archiduc Renier. La défunte était, par conséquent, cousine germaine de son mari, tandis que, par son père, l’archiduc Renier, elle était cousine germaine de sa belle-mère, la reine mère Marie-Thérèse, fille d’un frère de cet archiduc. Elle avait le maintien le plus noble, infiniment de grâce dans toute sa personne. Sa taille était vraiment royale, son regard doux et affable, mais elle était peut-être un peu nonchalante, sans voix et semblant toujours expirer. Au grand désespoir de la reine Marie-Thérèse, très sévère pour la tenue et la toilette, on la rencontrait dans le cabinet de son mari, la robe de chambre