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CHAPITRE PREMIER

ce voyage. Plus tard, pour me prouver encore que le souvenir de cette soirée était constamment présent à son cœur, elle voulut bien me léguer dans son testament un magnifique camée antique, entouré de perles, qu’elle avait reçu de l’Empereur et qui avait été donné à celui-ci par le Saint-Père.

« Si je vais à Paris, ce sera là ma lettre d’introduction auprès du Prince, qui, j’en suis certain à l’avance, sera bon et bienveillant pour un ancien ami de sa mère. »

Notre entretien passa ensuite par une pente toute naturelle aux conséquences probables du voyage dans le midi de la France du Prince Président. À ce sujet, sir Hamilton me déclara que, si le Prince devenu empereur respectait les traités de 1815 et ne voulait point la guerre, comme il le disait avec tant d’éloquence dans son discours de Bordeaux, il croyait qu’on ne ferait aucune difficulté à le reconnaître de suite.

Nous avions, comme on le voit, dans le ministre d’Angleterre un homme qui par ses sympathies personnelles pouvait au besoin être utile au gouvernement de la France. Sir Hamilton Seymour était un vrai gentilhomme sur la parole duquel on pouvait compter. Peu de jours après mon arrivée, je fis le soir une visite à Mme Apraxine, née Galitzin, vieille