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CHAPITRE HUITIÈME

de l’aigle impérial et des armoiries du comte Walewski avec encadrement tricolore. Le repas était d’une abondance extraordinaire : deux potages — à la reine et à l’impériale, — quatre entrées chaudes, onze entrées froides, huit grosses pièces, deux poissons, vingt entremets, et le dessert à l’avenant.

Le représentant de la dynastie impériale avait bien fait les choses.

On commençait à soupçonner une grossesse de l’Impératrice qui avait, de temps à autre, de petits caprices. Un jour de beau soleil elle dit à sa lectrice, Mme de Pons de Wagner : « Ah ! madame, quel superbe temps il fait ! j’ai bien envie d’aller me promener. Habillons-nous très simplement toutes les deux et, sans rien dire à personne, sortons d’ici par le jardin des Tuileries, et allons manger d’excellents petits gâteaux à la pâtisserie anglaise qui est à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue de Castiglione. En avant ! »

Mme de Wagner, craignant de se compromettre, était consternée : elle objecta que l’Impératrice serait certainement reconnue. « Non, repartit celle-ci, allons, ce sera fort amusant, et personne, je vous assure, n’en saura rien. »

Pour faire diversion, Mme de Wagner se mit à vanter un saucisson exquis dont elle avait mangé le