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MES SOUVENIRS

disait qu’il lui était terrible de penser que l’on était à la veille d’une guerre odieuse que personne n’avait désirée, qui ne servirait à personne. « On devait les complications actuelles à la maladresse des diplomates russes et turcs. Leur orgueil, leurs prétentions personnelles avaient conduit à ce désaccord sur des questions dont les Français avaient à peine une idée. Ici, ajoutait-elle, personne ne peut le moins du monde s’enthousiasmer pour la guerre. »

Le récit des entretiens du duc de Saxe-Cobourg-Gotha avec l’Empereur n’est pas moins curieux.

« Lorsqu’il était assis dans son fauteuil, se laissant aller à une longue et confiante causerie, fumant une cigarette, l’une après l’autre, parlant comme dans un rêve, on croyait avoir devant soi un savant allemand plutôt que le souverain de la France. Il pouvait réciter des poèmes entiers de Schiller, et subitement il passait d’une conversation française à une conversation allemande. Même en politique, il parlait de telle sorte que l’on eût pu se croire en compagnie d’un doctrinaire allemand. J’ai une idée, disait-il, pour la meilleure constitution de l’Allemagne. »

Dans ces communications, au moins bien imprudentes, Napoléon III parlait de la revision des traités de 1815 par un congrès et des changements