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MES SOUVENIRS

« Oui, répondit l’Empereur, je n’ai aucune vue d’ambition. »

« Eh bien ! continue », dit le moine, qui disparut. L’Empereur se leva, appela une sentinelle et lui donna l’ordre de faire arrêter cet étrange personnage, mais on le rechercha en vain.

À l’époque de Sèvre où nous étions alors à Pétersbourg, les vieilles histoires d’apparitions fantastiques et surprenantes du passé revenaient à la mémoire de chacun et étaient racontées partout. Ainsi, disait-on en parlant de l’empereur Nicolas, son frère, l’empereur Alexandre, était mort à Taganrok. Peu de temps auparavant il avait expédié à l’Impératrice une lettre contenant cette phrase : « Je suivrai de bien près le courrier qui porte cette lettre. » Le courrier fut tué en route, et quelques jours après l’Empereur, atteint d’une fièvre du pays, mourut à son tour.

Tous ces récits merveilleux trouvaient alors créance.

Le comte de Münster, attaché militaire de la légation de Prusse, annonça qu’il avait vu à trois reprises différentes dans la même soirée, dans une des pièces de l’appartement qu’il habitait et où il prenait le thé, un homme vêtu comme un chasseur qui le regardait fixement. Il en fut si frappé qu’il communiqua aus-