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CHAPITRE SEPTIÈME

Ham un ouvrage sur l’artillerie qu’il n’a pu terminer. Il a chargé un officier d’artillerie, M. Favé, de le continuer, et il en surveille lui-même l’exécution. »

Je lui demandai ce qu’il y avait de vrai dans le concours que lui aurait prêté un maçon du nom de Badinguet pour son évasion, ce qui avait été le prétexte du surnom irrespectueux qu’on lui donnait.

« C’est une pure invention, me dit le docteur Conneau ; le costume qu’il a revêtu ne venait nullement d’un individu de ce nom. Il provenait d’un des nombreux vêtements de pauvres qu’il avait en réserve pour les distribuer à l’entrée de l’hiver. Il n’y a eu aucun complot, aucun projet fait à l’avance. Il a pris son parti et l’a exécuté en quelques jours sans en parler à d’autres qu’à moi et à son valet de chambre. La planche qu’il a placée sur son épaule a été prise par lui dans les cours du château où l’on faisait alors des travaux. Il s’y trouvait toujours un grand nombre d’ouvriers.

« Toute ma vie je me souviendrai du moment où le prince ayant décidé son évasion prit son rasoir pour couper sa moustache. Mes jambes tremblaient si fort que je ne pouvais me tenir debout. Le prince, avec son calme habituel, fit tomber sa barbe et me rassura. Quand il sortit, je pouvais le suivre des yeux : je le vis de l’autre côté des portes continuer