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CHAPITRE SEPTIÈME

qui motivait la curiosité des dames réunies dans ce salon, s’écria modestement en baissant la tête et en passant devant elles sur la pointe des pieds : « Pardon, mesdames, ce n’est pas encore l’ambassadeur de France, ce n’est que le pauvre petit ducchino. »

C’était le duc de Parme, qui n’avait pas encore vingt-cinq ans.

J’allai voir Massimo d’Azeglio à sa villa de Cornegliano, près de Gênes, agréable résidence d’où l’on a une vue superbe sur la mer. Rien n’était touchant comme la modestie et la simplicité de cet homme éminent qui avait été pendant plusieurs années à la tête du gouvernement de son pays et qui depuis sa retraite vivait de son pinceau. Il n’avait aucune fortune, ayant donné tout ce qu’il possédait à sa fille, la marquise Ricci. En quittant le pouvoir, il n’avait rien voulu accepter, ni le collier de l’Annonciade, ni même une pension.

Tout le monde me questionnait sur les affaires de Russie qui s’étaient beaucoup aggravées depuis mon départ. Les conférences de Vienne avaient échoué. La Porte avait sommé la Russie d’évacuer les principautés danubiennes dans un délai de quinze jours, et le Tzar s’y étant refusé, les deux pays s’étaient trouvés en état de guerre. Un esprit belliqueux commençait à régner dans toutes les chancelleries.