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CHAPITRE SEPTIÈME

proposé une cruelle opération. La Reine voulut que son fils lui-même, malgré son jeune âge, prit cette grave décision. Le petit prince écouta attentivement le récit des souffrances qu’il lui faudrait subir pour obtenir peut-être la santé. Il s’écria avec courage qu’il était décidé à suivre ce traitement. Il avait une énergie et un esprit au-dessus de son âge. Son frère le prince Charles avait été récemment enlevé par une méningite après les plus cruelles souffrances. « Ah dit-il tristement en songeant à lui-même, Charles est bien heureux de ne plus souffrir ! »

Après quelques jours passé dans le pays de Suse, les petits princes revinrent en chemin de fer à la station d’Alpinian ; les voitures de la cour vinrent les y prendre pour les conduire au château de Caselette, où résidait alors la famille royale.

Le contraste de ce double ménage était une occasion de scandale permanent et atteignait Victor-Emmanuel dans sa dignité. Cependant, il savait retrouver à l’occasion son intrépidité chevaleresque. Le choléra sévissait alors en Piémont et faisait à Gênes de terribles ravages. Il s’y rendit le 4 septembre 1854, accompagné de ses ministres et de son officier d’ordonnance, le comte Charles de Robilant, pour y visiter les hôpitaux remplis de cholériques. Toutes les boutiques étaient fermées, une