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MES SOUVENIRS

recevrait probablement à la suite du conseil, après avoir vu M. Drouyn de Lhuys.

Pendant ce temps, j’allai chez la princesse Mathilde, qui me retint à déjeuner et défendit sa porte pour causer plus librement avec moi de la cour de Russie et de la société de Pétersbourg. Notre entretien dura plusieurs heures dans son atelier. Elle me mit avec son délicat esprit et sa bienveillance habituelle au courant de tout ce qui se passait à Paris et qui pouvait m’intéresser ou m’être utile.

L’Empereur me fit donner rendez-vous au palais de Saint-Cloud pour m’interroger sur la situation à Pétersbourg et sur les dispositions de l’empereur Nicolas à son égard. Il me fit attendre assez longtemps dans un des salons du palais. Lorsqu’il me fit introduire dans son cabinet, il me dit qu’il avait besoin de prendre l’air et m’invita à l’accompagner dans sa promenade d’une heure dans le parc. Je sortis avec lui deux officiers d’ordonnance, M. Edgar Ney et de Valabrègue, suivaient à quelque distance. « Parlez-moi à cœur ouvert, me dit l’Empereur, personne ne peut nous entendre. »

Je lui répondis qu’on comptait sur sa sagesse, tout en s’étonnant beaucoup de son alliance avec l’Angleterre.

Il me manifesta qu’il avait été blessé de la quali-