Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
MES SOUVENIRS

qui avait souvent encouru sa colère me disait : « C’est fort bien qu’il revienne, mais le souvenir de ses emportements n’en reste pas moins gravé dans nos cœurs. »

Un jour un officier avait été emprisonné malgré ses protestations, comme ayant pris part à une conspiration. Il avait été compromis par une similitude de nom. Après une assez longue détention à la citadelle, il fut mis en liberté. À la revue du mois de mai l’Empereur alla droit à lui, le fit sortir des rangs de son régiment et l’embrassa en lui faisant à haute voix des excuses pour l’erreur dont il avait été victime, puis il le présenta à l’Impératrice en lui expliquant les motifs de cette réparation publique.

Le 29 mai, j’ai dîné chez M. de Lazareff, dont j’avais fait la connaissance au club anglais. Les Lazareff sont d’origine arménienne. On raconte que leur grande fortune provient d’un diamant d’une grosseur exceptionnelle qui appartient aujourd’hui à la couronne de Russie. Ce diamant formait l’œil d’une idole indienne. Un Lazareff s’en étant emparé dans une pagode se fit une incision dans la jambe pour le cacher. Il atteignit ainsi le territoire russe avec sa précieuse prise.

Le 30, j’ai assisté à une fort jolie fête dans le palais de la Tauride chez le général Strangmann. Ce