Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
MES SOUVENIRS

peu, les journées s’allongèrent pour arriver à former le jour non interrompu des régions polaires. À peine le soleil a-t-il disparu que l’on aperçoit l’aurore. Des bords de la Newa on voit à l’horizon derrière la citadelle une longue traînée couleur abricot, rouge, orange, du ton le plus fin, décroissant dans le ciel : c’est le coucher du soleil. Il fait aussi jour à une heure ou deux du matin que souvent en France à trois heures de l’après-midi. À la fin d’avril, quoique le printemps approchât, la Newa était couverte de glaces, formant comme une grande rue sur laquelle s’entre-croisaient les voitures et les traîneaux. Il est dangereux de s’y promener la nuit ; on risque d’y être attaqué et volé par des malfaiteurs qui se débarrassent de leurs victimes en faisant un trou dans la glace. Le palais de l’Empereur est en face de la citadelle d’où sort une immense flèche toute dorée. Quand le matin ou le soir il y a du brouillard sur la Newa, on n’aperçoit plus les murailles de la citadelle, la flèche dorée semble sortir des nuages. Lorsque la débâcle approche, la police interdit toute circulation. On y établit alors une passerelle de planches au-dessus de la glace.

Le 22 avril 1853, un traîneau monté par deux hommes et un cocher brisa la glace sous son poids, et les personnes qui le montaient faillirent mourir