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CHAPITRE SIXIÈME

partons demain matin. » Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois. La nuit même, le mariage fut célébré par l’aumônier du régiment. Au départ, la jeune mariée, âgée de seize ans, était en croupe sur le cheval de son mari. Le comte Pahlen, qui avait été pris au mot, ne se fâcha pas ; il donna même à l’officier un emploi sédentaire qui permit au nouveau couple de ne pas se séparer. Beaucoup d’officiers russes se marièrent au cours de la campagne ; presque toutes les vieilles filles de Hambourg ayant quelque fortune furent casées. Elles ne comprenaient pas un mot de russe, ni leurs maris un mot d’allemand mais leurs ménages n’en allaient pas plus mal.

J’ai reçu de M. Dimitri Nariskin un petit ours vivant récemment enlevé à sa mère. Il venait de m’être conduit, lorsque, à la suite d’un diner donné par M. de Castelbajac, on me demanda à le voir. Il y avait devant la cheminée du salon une magnifique peau d’ours. Fit-elle illusion au petit animal ? Toujours est-il qu’il se précipita sur elle avec des transports de joie, la léchant et la caressant, croyant sans doute retrouver sa mère.

Aux mois de novembre et de décembre il ne faisait jour qu’à dix heures du matin, et la nuit commençait avant trois heures de l’après-midi. Peu à