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MES SOUVENIRS

grande-duchesse Marie, à cause de son grand deuil, assistait dans une loge à cette émouvante cérémonie.

Quelques jours après, je fus soumis à une sérieuse épreuve je fus atteint de la petite vérole, gagnée par Gaston de Castelbajac qui me la communiqua. Cela retarda ma présentation officielle à l’Empereur qui avait été fixée au dimanche 12 décembre, à midi, à l’issue de la messe. Je fus tenu en quarantaine pendant plus d’un mois, personne n’osant venir me voir jusqu’à ce que le bain, signe décisif de la convalescence, eût été prescrit par le médecin, mon compatriote, le bon docteur Patenotre. J’étais regardé comme un pestiféré. D’autre part, comme à la même époque la reconnaissance de Napotéon III par le Tzar soulevait des difficultés, on en profitait pour se tenir éloigné de l’ambassade française. Les usages de la cour de Russie imposaient d’ailleurs en pareil cas les plus grandes précautions. Sous le règne de Louis-Philippe, Mlle de Barante, fille de l’ambassadeur de France, fut atteinte de la rougeole. Son père reçut du chancelier de Nesselrode le curieux billet suivant :

« Serait-il vrai, Monsieur l’ambassadeur, que Mlle de Barante eût gagné la rougeole ? Dans ce cas, ne jugeriez-vous pas plus prudent de ne pas venir ce matin au cercle diplomatique auquel assis-