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CHAPITRE QUATRIÈME

L’Empereur s’était de suite informé si le duc avait reçu les derniers sacrements. Le père dominicain, qui était à genoux près du lit du prince, répondit qu’il n’avait pu recevoir que l’extrême-onction. Alors l’Empereur fit un signe de croix et pria Dieu un instant près du corps de son gendre.

On dit que le duc avait voulu que son cœur fût placé près de celui de sa mère, en Bavière.

Jusqu’au dernier moment le duc de Leuchtenberg a témoigné la plus vive tendresse à sa femme, qui, de son côté, l’a soigné avec un grand dévouement. Elle voulut avoir une des croix qu’il portait toujours sur sa poitrine, ainsi que sa bague d’alliance. Enfin, en le regardant une dernière fois, elle s’écria en larmes : « C’est toute la figure de son noble père : comme il ressemble au prince Eugène ! »

Malgré ces témoignages de douleur officielle, la situation du duc de Leuchtenberg à la cour de Russie était fort délicate. On s’efforçait d’effacer de toute manière le souvenir de son père, le prince Eugène de Beauharnais. L’Empereur signa un oukase ordonnant à ses fils de s’appeler désormais Romanovski. Le titre allemand de Leuchtenberg ayant été porté par un prince français, cela suffisait pour en faire proscrire le souvenir.

Le palais Leuchtenberg était désigné par tout le