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CHAPITRE QUATRIÈME

« Le duc a une fièvre horrible, je vous en supplie, venez le voir. »

Quand il mit le pied dans la chambre du malade, celui-ci était assis sur son lit, vomissant du sang dans un lavabo que le docteur Mianowsky tenait devant lui. Cette fois le sang était vermeil et ne contenait pas de caillots, ce qui prouvait que l’émission était immédiate : c’était une nouvelle hémorragie. On appliqua aussitôt au malade des ventouses. Le duc regarda alors fixement les médecins, en disant avec un grand effort : « J’étouffe ! j’étouffe ! » Il eut à peine le temps de recevoir l’extrême-onction de la main du Père Loukasevitch, dominicain, son confesseur, qu’on avait appelé dès qu’on vit le danger ; puis il se renversa en arrière en râlant. Il était deux heures du matin.

Le docteur Nitard-Ricord, pensant dans le premier moment que c’était un caillot de sang qui l’étouffait, voulut faire pénétrer ses doigts dans la bouche du malade pour l’enlever, puis, poussé par un grand dévouement, il se jeta sur lui et, mettant sa bouche contre la sienne, il aspira violemment tout ce qu’il y avait de sang dans l’arrière-bouche pendant un quart d’heure il respira ainsi dans la bouche du prince pour chercher à rétablir la respiration dans le cas où il y aurait eu une simple asphyxie. En