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CHAPITRE QUATRIÈME

Quoiqu’elle ne recherchât pas les plaisirs du monde et qu’elle vécût retirée, elle était aimée de tous ceux qui l’approchaient, des plus grands comme des plus petits. Plus tard, je l’ai vue revenir dans la Hesse, à Jugenheim, comme impératrice, chez son excellent frère, le prince Alexandre de Hesse.

Ce château est situé, comme un nid d’oiseau, sur la plus belle hauteur de la Bergstrasse. On y a une vue admirable sur la Hesse, le pays de Bade et le Palatinât. J’ai eu l’honneur d’y être reçu par S. A. le prince Alexandre et la princesse de Battenberg, et je vois encore du haut de la terrasse ce magnifique panorama borné par le Rhin, qui dans cet énorme espace ne paraissait qu’un filet d’argent.

C’est là que l’Impératrice aimait à se retrouver avec son bon et dévoué frère Alexandre et tous les souvenirs de son enfance. Là, il n’y avait aucune garde, aucune muraille, et la bonne impératrice se plaisait à causer familièrement avec les paysans qui l’avaient vue tout enfant.

Très honoré de l’amitié que m’a montrée, pendant mon séjour à Darmstadt, le prince Alexandre de Hesse, ainsi que son frère le grand-duc Louis III, alors régnant, ce n’est pas sans une vive émotion que je me rappelle ces souvenirs lointains et le hasard singulier de ma carrière diplomatique qui m’avait