Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
CHAPITRE QUATRIÈME

riale peut s’en rendre compte : la princesse Marie n’a même pas été mise au nombre des princesses allemandes en ce moment à marier ; elle n’est pas d’une forte santé et elle est trop jeune ! Votre Altesse n’a pas encore vu les princesses de Bade, et ce serait faire injure au grand-duc de Bade que de ne pas aller à Carlsruhe. – J’irai, si l’on m’y force, à Carlsruhe par politesse, mais j’ai réfléchi toute cette nuit et je n’épouserai que la princesse Marie, appartenant à une maison qui a déjà donné, du reste, une impératrice à la Russie, et qui est une des plus illustres et anciennes de l’Allemagne.

Le comte Orloff fut désespéré de cette déclaration si nette et en écrivit de suite à l’empereur Nicolas. En effet, cette nouvelle fut reçue dans la famille impériale avec étonnement ; on n’y connaissais que très peu la princesse Marie, qui avait été élevée très simplement, mais avec le plus grand soin, par Mlle Senanclar de Grancy depuis la mort de sa mère. Les plus intimes amis de l’empereur et de l’impératrice de Russie, qui avaient déjà projeté d’autres mariages pour le grand-duc, cherchèrent par tous les moyens à entourer l’Empereur et l’Impératrice pour empêcher cette union. L’empereur Nicolas, qui aimait beaucoup son fils et qui en était tendrement aimé, car il était vis-à-vis de lui le fils le plus