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CHAPITRE QUATRIÈME

avoir écouté le récit du courageux sauveteur et l’avoir récompensé, il le congédia en lui disant : « Va, maintenant. Que Dieu soit avec toi ! Si tu as besoin de quelque chose, viens à moi quand tu voudras. »

L’empereur Nicolas a longtemps conservé un chien recueilli par lui pendant la guerre de France de 1814. Ce chien suivait la voiture dans laquelle il se trouvait avec son frère, le grand-duc Michel et il se jeta même à la nage pour suivre le bac dans lequel les deux grands-ducs traversaient une rivière. Comme il allait se noyer, ceux-ci le firent retirer de l’eau, l’emmenèrent avec eux et s’y attachèrent.

Jusqu’à sa mort, le chien, qui était un caniche jaunâtre, passait alternativement huit jours chez les deux princes. Il fut enterré dans le jardin du palais Anitchkoff, où le futur empereur Nicolas lui fit élever un petit monument.

Le grand chancelier, M. de Ribeaupierre, m’a raconté que tous les dimanches la famille impériale se réunissait chez l’Empereur pour le diner. Les enfants venaient après le dîner, et l’Empereur jouait avec eux jusqu’à l’heure de leur coucher. Il assistait toujours à l’accouchement de ses filles et de ses belles-filles, à qui il témoignait une grande tendresse.

Ce M. de Ribeaupierre était le petit-fils d’un favori de l’impératrice Catherine, Pierre Ribaud,