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CHAPITRE TROISIÈME

signes du plus grand désespoir, refusant de manger pendant trois jours et poussant des gémissements qui étaient entendus de tout le Palais.

Un autre mariage célébré pendant le règne de Charles-Albert avait eu les conséquences les plus douloureuses.

Victor-Emmanuel Ier, frère de Charles-Félix, avait eu plusieurs filles de son mariage avec l’archiduchesse Marie-Thérèse, sœur du duc de Modène ; la dernière, la princesse Christine, était restée orpheline avant d’être mariée. Sa mère avait vivement désiré qu’elle épousât le prince Ferdinand, fils du roi de Naples. Mais lorsque ce prince devint roi sous le nom de Ferdinand II, la princesse Christine étant en âge d’être mariée, la reine Marie-Thérèse changea soudain d’avis et dissuada sa fille de consentir à ce mariage. En 1833, Marie-Thérèse mourut brusquement d’une hémorragie, et dans ses derniers adieux à la princesse Christine, par un nouveau changement, elle rétracta le conseil qu’elle lui avait donné. Le roi Charles-Albert fit venir à Turin la jeune princesse orpheline auprès de la Reine qui devait lui servir de mère. La princesse Christine obéit non sans chagrin : elle savait que sa mère détestait la reine régnante, préférée par Charles-Albert à une de ses filles qui s’était mariée au duc de Lucques.