Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
MES SOUVENIRS

Peu après mon départ, M. de Butenval eut un violent conflit avec le président du conseil des ministres. Ce conflit a été raconté par M. d’Azeglio lui-même dans une lettre à un ami : « Il s’agissait de l’internement d’un réfugié français à Nice, un avocat. Cet individu avait sollicité un délai pour cause de santé de sa femme. J’avais consulté confidentiellement, par déférence pour le gouvernement français, le représentant de la France. Voilà-t-il pas qu’après je ne sais quel délai M. de Butenval m’écrit un billet dans lequel il me disait qu’il suffisait d’être… quelque chose comme « canailles » pour être protégés par moi et parle gouvernement piémontais. Je lui envoyai mes témoins, l’un desquels était La Marmora. Le billet fut retiré, et une réparation consentie. »

Je partis de Turin le 16 mars 1852 et je m’arrêtai à Chambéry pour donner suite à un projet de mariage dont la famille de Robilant avait conçu pour moi la pensée. C’eût été une alliance des plus illustres ; il s’agissait, en effet, de la comtesse Wilhelmine de Wurtembourg, nièce du roi de Wurtemberg et cousine du prince Président. Je trouvai à Chambéry le général comte de Robilant, ancien aide de camp du roi Charles-Albert, auprès de son fils Charles, mon intime et excellent ami, en garnison dans cette ville. Il devait me présenter à la baronne du Bourget qui