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MES SOUVENIRS

En quelques heures il me mit autant que possible au courant des affaires de l’ambassade. Il me présenta à la marquise Rora, à Mme d’Adda, femme du chargé d’affaires de Lombardie, au marquis Pareto, ministre des Affaires étrangères, à Camille de Cavour, au comte Balbo, à MM. Castelli, Farini, les fondateurs célèbres du journal le Risorgimento.

Le lendemain ; 39 mai, je l’accompagnai à la malle-poste. Son fils Maurice Bixio, âgé de quatorze ans, dut le rejoindre en passant par Gènes et Marseille, tout fier de voyager seul. Le même jour, son secrétaire partait de son côté par la diligence. Très aimé à Turin, M. Bixio, qui était un homme de grand talent et qui avait le cœur le plus généreux, laissait en Piémont les plus vifs regrets. Il n’était pas du reste nouveau venu à Turin, car son frère y servait dans l’armée piémontaise aussi on ne fut pas étonné d’apprendre sa belle conduite pendant les journées de Juin.

Je n’en étais pas moins laissé seul brusquement dans une situation des plus difficiles. Le Piémont était aux dernières heures du règne de Charles-Albert qui, chef d’une branche cadette, avait pactisé dans sa jeunesse avec les partisans les plus avancés de l’indépendance de l’Italie. Le roi Victor-Amédée iii ayant laissé trois fils qui régnèrent sous les noms