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MES SOUVENIRS

Sur le refus de Massimo d’Azeglio, Charles-Albert s’était décidé à appeler Gioberti qui aspirait au ministère et qui guettait l’occasion d’y entrer.

Dès le commencement de la crise il s’était abouché avec le ministre de l’intérieur Pinelli ; il lui avait exposé les dangers de la situation, l’accroissement qu’ils pouvaient prendre si le roi ne le faisait pas venir et ne le consultait pas sur la formation d’un cabinet. M. Pinelli lui avait répondu qu’il ne s’opposait pas à ce que le roi l’appelât, qu’il n’avait reçu aucun ordre à ce sujet, mais que, s’il voulait faire une demande d’audience au roi, il se chargerait de la faire parvenir. C’était pousser un peu loin l’audace d’un côté et l’abnégation de l’autre, car on n’a jamais entendu parler dans le monde constitutionnel d’un chef de l’opposition qui s’offre à un souverain pour former un cabinet, et d’un ministre surtout qui le présente, tandis qu’un autre est chargé par ce souverain de cette formation.

L’initiative de Gioberti fut couronnée de succès. Il fut reçu par le roi ; il lui représenta qu’il courait le plus grand danger s’il ne lui confiait la formation d’un ministère d’opposition, lui offrant par dévouement de s’en charger à une seule condition, c’est que le programme du ministère serait l’indépendance de l’Italie entière jusqu’à l’Izonzo. Cependant,