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MES SOUVENIRS

tard, son but ayant toujours été l’exploitation du pays. Lors même que des concessions libérales seraient obtenues, le souvenir de cette exploitation, l’insurrection à laquelle elle a donné lieu, l’humiliation d’une défaite suivie d’une compression violente de tous les sentiments nationaux, suffiraient pour entretenir dans tous les esprits une irritation terrible. »

Charles-Albert ne rentra à Turin que le 14 septembre 1848. Ses deux fils ne firent qu’y paraître et retournèrent à l’armée. Le roi était malade et triste ; il parlait peu. Aux grands dîners de la cour, il se mettait à table sans déplier sa serviette. Les difficultés financières venaient aggraver les difficultés politiques. Soixante-dix millions d’économies accumulées avaient été dévorés. Il fallait avec un budget de soixante-dix millions entretenir une armée de cent mille hommes qui n’était que de vingt mille à l’époque où ce budget avait été établi. L’entretien du matériel, qui ne coûtait auparavant que deux millions et demi, représentait une dépense dix fois plus considérable.

Le ministère était fort ébranlé et exprimait hautement l’intention de se retirer. Le ministre des affaires étrangères déclara le 19 septembre 1848 au ministre de France que le cabinet se retirerait tout entier,