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CHAPITRE SIXIÈME

eut quelques applaudissements ; il était facile de reconnaître que ceux qui criaient : Vivat ! étaient payés par l’Autriche. Je n’aurais pas cru que l’armée autrichienne fût si belle et si forte ; elle était infiniment supérieure à celle de Charles-Albert. Une trentaine de mille hommes entrèrent dans la ville, ils occupèrent les palais des seigneurs lombards qui avaient pris part à la révolution de Milan ; ils y commirent des excès, notamment dans les palais Litta, Borromeo et Belgiojoso. Le peuple milanais semblait terrifié. Il reportait toute sa haine sur Charles-Albert qu’il accablait de sarcasmes ; il lui prodiguait les épithètes les plus odieuses, l’appelant traître à la cause de l’Italie, infâme, indigne de régner. Il est hors de doute que, s’il était tombé la nuit précédente entre les mains des Lombards, il aurait été massacré. Cependant le défilé des Autrichiens avait pu convaincre les Milanais que toute résistance était inutile : elle n’eût abouti qu’à la destruction complète de la ville.

Le 5 août, la capitulation avait été placardée sur les murs de Milan. Une proclamation annonçait que la ville serait épargnée et que le maréchal Radetzki accordait à tous ceux qui voulaient quitter la ville la sortie libre par la route de Magenta jusqu’au lendemain 6 août à 8 heures du soir. C’est alors que