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le tour du monde, étant donnée surtout la difficulté de déterminer s’il s’agît de conceptions spontanément écloses dans des milieux différents, ou de créations uniques, mais disséminées de toute part par voie de transmissions orales ? Je ne veux pas dire que le fait n’ait pas son intérêt, mais je maintiens qu’il n’apprend peu de chose à qui étudie l’état mental d’où sort le mythe et les circonstances par lesquelles son développement est favorisé.

De même, la comparaison qu’on peut faire entre elles des données du folk-lore me paraît bien stérile, surtout eu égard au parti qu’il est permis de tirer de l’application d’une semblable méthode aux éléments de la mythologie des Védas et de l’Iliade. À moins de s’abandonner à tous les écarts d’imagination qui ont jeté tant de discrédit sur l’école purement météorologiste, il faut bien reconnaître qu’il est impossible d’établir, d’après les règles de la logique, des rapports quelque peu sûrs entre les sens mythiques de l’ogre, du prince charmant, de la belle aux cheveux d’or et les autres héros et héroïnes des contes populaires. Il est également bien difficile d’apporter dans ces matières un ordre chronologique même relatif et de décider, par conséquent, si l’on a affaire à quelque chose d’antérieur, de parallèle ou de postérieur à la mythologie systématique des peuples d’origine aryenne.

Il en est tout autrement des mythes du Rig-Véda ou des épopées homériques. Alors que l’isolement et le cosmopolitisme de tel type légendaire du folk-lore me laissent aussi indécis sur sa provenance et sa signification que si j’en étais encore à n’en avoir entendu parler que par ma nourrice ; non seulement la parenté évidente d’Indra et de Zeus, d’Ushas et de Héra, de Varuna et d’Ouranos, etc., me renseigne sur leur patrie et sur la légitimité de l’expression collective de mythes indo-européens que je leur applique, — non seulement la parenté mutuelle tout aussi sûre au sein même de la mythologie védique, d’Agni, d’Indra, de Varuna, des Açvins, des Ribhus, etc., me fournit une indication des plus importantes sur le système auquel ils appartiennent, — mais les traits qui distinguent Zeus d’Indra, auprès de ceux qui leur sont communs, me font voir le progrès