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Qui, forcés à garder une longue abstinence,

Pleurent d'avoir trop mis à la réjouissance.TOUTABAS.

Et c'est de là que vient la beauté de mon art.

En suivant mes leçons, on court peu ce hasard.

Je sais, quand il le faut, par un peu d'artifice, [365]

D'un sort injurieux corriger la malice ;

Je sais dans un trictrac, quand il faut un sonnez,

Glisser des dés heureux, ou chargés, ou pipés ;

Et quand mon plein est fait, gardant mes avantages,

J'en substitue aussi d'autres prudents et sages, [370]

Qui, n'offrant à mon gré que des as à tous coups,

Me font en un instant enfiler douze trous.Géronte.

Et Monsieur Toutabas, vous avez l'insolence

De venir dans ces lieux montrer votre science ?TOUTABAS.

Oui, monsieur, s'il vous plaît.Géronte.

Et vous ne craignez pas [375]

Que j'arme contre vous quatre paires de bras,

Qui le long de vos reins ? ...TOUTABAS.

Monsieur, point de colère ;

Je ne suis point ici venu pour vous déplaire.Géronte,