De chanteurs, de danseurs, qui montrent par la ville ?
Un jeune homme en est-il plus riche quand il sait
Chanter ré mi fa sol, ou danser un menuet ? [340]
Paiera-t-on des marchands la cohorte pressante
Avec un vaudeville ou bien une courante ?
Ne vaut-il pas bien mieux qu'un jeune cavalier
Dans mon art au plus tôt se fasse initier ?
Qu'il sache, quand il perd, d'une âme non commune, [345]
À force de savoir, rappeler la fortune ?
Qu'il apprenne un métier qui, par de sûrs secrets,
En le divertissant, l'enrichisse à jamais ?Géronte.
Vous êtes riche, à voir ?TOUTABAS.
Le jeu fait vivre à l'aise
Nombre d'honnêtes gens, fiacres, porteurs de chaise ; [350]
Mille usuriers fournis de ces obscurs brillants,
Qui vont de doigts en doigts tous les jours circulants ;
Des gascons à souper dans les brelans fidèles ;
Des chevaliers sans ordre ; et tant de demoiselles
Qui, sans le lansquenet et son produit caché, [355]
De leur faible vertu feraient fort bon marché,
Et dont tous les hivers la cuisine se fonde
Sur l'impôt établi d'une infaillible ronde.Géronte.
S'il est quelque joueur qui vive de son gain,
On en voit tous les jours mille mourir de faim, [360]
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