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INTRODUCTION

en principe, une fatrasie divisée en couplets et récitée en public par des sots ou des badins ; les mêmes règles étaient applicables aux deux compositions.

La fatrasie, détrônée par la sottie, fut à peu près abandonnée au XIVe et au XVe siècle ; mais elle reparut au XVIe sous le nom de coq-à-l’âne. Pour le remarquer en passant, Marot, qui contribua plus que tout autre à mettre à la mode les épîtres « de l’âne au coq » ou « du coq à l’âne », ne fut cependant pas l’inventeur de cette sorte de facétie. Sa première épître à Lyon Jamet est de 1534 ; or on trouve dans les œuvres d’Eustorg de Beaulieu[1] un coq-à-l’âne daté de 1530. Il y a donc lieu de rectifier le passage suivant de Charles Fontaine ou de l’auteur, quel qu’il soit, du Quintil Horatian :

« Coqz à l’asne sont bien nommez par leur bon parrain Marot, qui nomma le premier, non Coq à l’asne, mais Epistre du coq à l’asne, le nom prins sur le commun proverbe françois Saulter du coq à l’asne, et le proverbe, sur les apologues. Lesquelles vulgaritez, à nous propres, tu ignores, pour les avoir desprisées, cherchant aultre part l’ombre, dont tu avois la chair ; et puis temerairement tu reprens ce que tu ne sçais. Parquoy, pour leurs propos ne s’ensuyvans, sont bien nommez du coq à l’asne telz enigmes satyrics, et non satyres, car satyre est autre chose ; mais ilz sont satyrez, non pour la forme de leur facture, mais pour la sen-

    meilleure opinion ; mais leur voyant tous les jours faire cas de je ne sais quels écrits qui devant les jurés du métier ne passent que pour des pois pilés de l’hôtel de Bourgogne, je ne crois pas qu’il y ait chose ni si mauvaise qui ne leur puisse plaire, ni si bonne dont ils n’osent faire les dégoûtés » (éd. Lalarme, t. IV, p. 94). On trouvera plus loin d’autres exemples de l’expression pois pilés.

  1. Les divers Rapportz (Lyon, 1537, pet. in-8).