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notre décès arrive avant que le Dauphin, notre arrière-petit-fils, qui est l’héritier présomptif de notre couronne, ait atteint sa quatorzième année, qui est l’âge de sa majorité. C’est ce qui nous engage à pourvoir à la tutelle et à l’éducation de sa personne, et à former pendant sa minorité un conseil de régence, capable par la prudence, la probité, et la grande expérience de ceux que nous choisirons pour le composer, de conserver le bon ordre dans le gouvernement de l’état, et de maintenir nos sujets dans l’obéissance qu’ils doivent au roi mineur.

Ce conseil de régence sera composé du duc d’Orléans, chef du Conseil, du duc de Bourbon, quand il aura vingt-quatre ans accomplis, du duc du Maine, du comte de Toulouse, du chancelier de France, du chef du conseil royal, des maréchaux de Villeroi, de Villars, d’Uxelles, de Tallart et d’Harcourt, des quatre secrétaires d’état, du contrôleur général des finances. Nous les avons choisis par la connaissance que nous avons de leur capacité, de leurs talens et du fidèle attachement qu’ils ont toujours eu pour notre personne, et que nous sommes persuadés qu’ils auront de même pour le roi mineur.

Voulons que la personne du roi mineur soit sous la tutelle et garde du conseil de régence ; mais, comme il est nécessaire que quelque personne d’un mérite universellement reconnu, et distinguée par son rang, soit particulièrement chargée de veiller à la sûreté, conservation et éducation du roi mineur, nous nommons le duc du Maine, pour avoir cette autorité et remplir cette importante fonction du jour de notre décès. Nous nommons aussi pour gouverneur du roi mineur le maréchal de Villeroi, qui par sa bonne conduite, sa probité et ses talens, nous a paru mériter d’être honoré de cette marque de notre estime et de notre confiance. Nous sommes persuadé que pour tout ce qui aura rapport à la personne et à l’éducation du jeune roi, le duc du Maine, et le maréchal de Villeroi gouverneur, animés tous deux par le même esprit, agiront avec un parfait concert, et qu’ils n’omettront rien pour lui inspirer les sentimens de vertu, de religion et de grandeur d’âme que nous souhaitons qu’il conserve toute sa vie.

Voulons que tous les officiers de la garde et de la maison du roi, soient tenus de reconnoître le duc du Maine, et de lui obéir en tout ce qu’il leur ordonnera, pour le fait de leurs charges, qui aura rapport à la personne du roi mineur, à sa garde et à sa sûreté.