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usage, non seulement chez les Marseillois, mais encore chez les autres
peuples des Gaules : ils appuioient leur
sentiment sur l’autorité de César, qui
assure qu’on avoit trouvé dans le camp
des Helvétiens des tables écrites en
lettres Gréques et qu’on les lui avoit
apportées. Mais par ces lettres Gréques
César n’entend pas la langue Gréque,
mais seulement les caractéres Grecs,
ou il se contredit lui-même : car si les
Gaulois eussent sçu le Grec, et qu’ils
se fussent servi non-seulement des caractéres, mais même de la langue Gréque ; pourquoi César envoie-t-il à
Ciceron une Lettre écrite en Grec,
de peur que si cette lettre est interceptée, les Gaulois ne connoissent ses
desseins ? César en cet endroit se sert
aussi de ces mots, lettres Gréques ; mais
elles signifient nécessairement la langue Gréque ; au lieu que dans l’endroit précédent elles doivent s’entendre des caractéres Grecs. On cite un
autre passage de César, où en parlant
de la doctrine des Druides, il dit qu’ils
croioient qu’il n’étoit pas permis de
rien écrire de leurs Dogmes, au lieu
que dans presque toutes les autres choses, et dans les comptes tant publics
que particuliers, ils se servoient de
lettres Gréques. Il est évident qu’il ne
s’agit pas ici de langue, mais de caractéres, et qu’on oppose seulement la
coûtume de ne rien coucher par écrit
de ce qui concernoit la Religion, à la
coûtume d’écrire les choses qui regardoient le Civil.
V.
De la Religion des Gaulois.
Je ne prétens pas traiter à fond la
Religion des Gaulois : je n’en ai pas le
tems, et cela n’est pas de mon sujet.
Je n’avancerai rien que de certain, et
je ne me livrerai pas aux conjectures.
A cause que Diodore de Sicile, par
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