vieux d’une civilisation de trente siècles ou environ, que l’absence de pudeur, que l’innocence encore paradisiaque de la plupart de ces Hyperboréens, accoutumés à la nudité presque constante dans la maison commune, se baignant ensemble, comme les Japonais et Japonaises, sans songer à mal. Il n’est fonction physiologique ou besoin naturel qu’ils aient gêne à satisfaire en public. — « Une coutume n’a rien d’indécent, quand elle est universelle », remarque philosophiquement un de nos voyageurs[1]. Ajoutez que l’Aléout, curieux personnage, se montre parfois d’une réserve qui nous étonne et nous scandalise presque ; ainsi devant un étranger il n’oserait adresser la parole à sa femme, ni lui demander le moindre service.
Quoique généralement malpropres, ces gens ont, comme les autres Inoïts et la plupart des Indiens, la passion des bains de vapeur, pour lesquels le kachim a son installation toujours prête. Avec l’urine qu’ils recueillent précieusement pour leurs opérations de tannage, ils se frottent le corps ; l’alcali, se mélangeant avec les transpirations et les huiles dont le corps est imprégné, nettoie la peau comme le ferait du savon ; l’odeur âcre de cette liqueur putréfiée paraît leur être agréable, mais elle saisit à la gorge les étrangers qui reculent suffoqués, et ont grand’peine à s’y faire[2].
— Horreur !
— Horreur ! oui, pour ceux qui ont un pain de savon sur leur table à toilette ; mais pour ceux qui ne possèdent pas ce détersif ? — Et ceux, celles qui le possèdent, ignorent peut-être que même les gants, articles de grand luxe et