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cartes et dessins.

produire des dessins qui seraient supérieurs aux barbouillages d’écoliers.

À cette assertion aprioristique, il a été répondu par de nombreux exemples : les Bochimans, les Australiens, et tant d’autres. Nos Inoïts représentent assez correctement des scènes de chasse et de pêche, des ours, phoques et baleines[1]. Cailloux pointus, mauvais couteaux, ivoires d’une dureté extrême, cornes raboteuses, os de courbure irrégulière, combien ingrate la matière, combien rebelles les instruments ! Rink a fait illustrer son volume de Contes Inoïts par un artiste du crû, dont les dessins naïfs, mais très expressifs, pourraient passer pour de ces anciennes estampes que se disputent les amateurs. On recommande aux connaisseurs une collection de bois[2] gravés par des naturels.

<Ces Esquimaux possèdent à un haut degré le sens de la forme et des proportions relatives ; ils ont l’abstraction géométrique si facile, qu’ils ont dressé des cartes de leur pays assez exactes pour servir utilement aux explorateurs. Les plans de Noutchégak et autres localités, levés par Oustiakof, un de ces sauvages, ont passé longtemps pour être suffisamment corrects. Hall a orné son livre d’une planche de Rescue Harbour, œuvre de Coudjissi. Rey montra une de ses cartes marines à un indigène, qui la comprit fort bien, demanda un crayon, en traça une autre avec un plus grand nombre d’îles, — addition précieuse[3]. Ces talents ne laissent pas que de rehausser les Esquimaux, et de leur donner quelque importance dans

  1. Dall, Alaska.
  2. Kaladlit Assialiait. Imprimée à Gothaeb, du Groenland, par Mœller et Berthelsen, 1860.
  3. Yule, Ava.