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langue esquimale

nier les peaux de renne, de les corroyer ou coudre en habits. Ce serait manquer de procédés envers le Grand-Morse qui se vengerait en empêchant d’attraper les petits morses.

Grimace que tout cela, sans doute. Mais, en matière de religion, bien habile qui distinguerait entre le faux semblant et la sincérité. Disons que c’est hypocrisie naïve, mensonge enfantin.

Autant que les physionomies, autant que les coutumes et costumes, se ressemblent les dialectes : de la côte d’Asie et du détroit de Béring, ils diffèrent très peu de ceux qu’on parle au Groënland, au Labrador, à la rivière Mackenzie. Rink, compétent en la matière, incline à croire que l’affinité est telle que tous ceux qui parlent ces langues se comprennent ou devraient se comprendre.

Les générations passent, sans leur faire subir de changement appréciable. Bien plus, les contes populaires se transmettaient littéralement de siècle en siècle ; les versions, recueillies dans les localités distantes d’une centaine de lieues, différaient moins entre elles que si chez nous la même personne les eût racontées à des reprises différentes. L’inoït ne manque pas d’euphonie, et prend même un accent musical dans certaines bouches. Sa structure et celle des langues américaines sont établies sur le même modèle polysynthétique. En un mot — mais de longue haleine — ils concentrent une phrase, ou plusieurs. Hall cite

Piniagassakardluarungnaerângat

comme un mot assez long, mais il n’a qu’une trentaine de