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gardes-champêtres.

maréchaussée, n’étaient ceusses de la pègre ? » On les voit donc s’enrôler dans la police urbaine et la garde rurale, s’entremettre comme veilleurs de nuit, geôliers, informateurs, espions et délateurs. Ils fournissent au village indou un de ses fonctionnaires principaux, le manker ou garde champêtre, qui garantit contre la maraude, moyennant la jouissance d’un champ communal ou le paiement d’une subvention prélevée sur les récoltes. En cas de vol, — les mauvaises années fournissent de nombreuses déprédations, — au manker d’en deviner l’auteur, de l’amener à restitution ou de le produire en justice. Ce fonctionnaire a pour fonction d’être incorruptible et de sévir avec une impartiale justice contre les fraudeurs, fussent-ils membres de sa propre famille. Volontiers deux frères prennent le même champ d’opérations, ils pillent et filoutent de concert, se montrent habiles à faire du dégât, jusqu’à ce qu’on trouve intérêt à engager les services de l’un pour se protéger contre les entreprises de l’autre[1]. Le nouveau garde rural devient responsable, et s’il est empêché de chasser lui-même aux délinquants, il déléguera la partie matérielle de la besogne à un de ses limiers. Chasseurs de père en fils, ils examinent le lieu du délit, distinguent des marques et signes imperceptibles pour d’autres, trouvent l’empreinte du pied suspect. Cette empreinte[2], ils la mesurent avec précision, la reportent sur un bâtonnet auquel ils ont recours dans les cas douteux. Si la piste conduit à un autre village, le traqueur avise le collègue et lui remet le bambou marqué, qui souvent passe en plusieurs mains avant que le coupable soit découvert. Les services du traqueur sont particulière-

  1. Elliot, Greenhow.
  2. Khoj.