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les kolariens du bengale.

« filleries[1] », — pour employer un terme emprunté au phalanstère de Fourier, des vestalats, — parfois attenant à la garçonnière ; le plus souvent, l’un et l’autre établissements occupent les extrémités du village. À la tête du bataillon féminin marche une virago, duègue intrépide et robuste, armée d’une longue gaule, pourchassant les garçons et les tenant à distance. On trouverait semblables institutions chez les Herrnhouters d’Allemagne, et en certaines communautés religieuses d’Amérique. Les jeunesses se visitent, se contrevisitent, entreprennent des expéditions, se donnent fêtes et banquets, dansent, content fleurette, — en attendant le mariage.

Ne pouvant pas épuiser tous les sujets, nous serons bref sur le chapitre des institutions communales, tout intéressantes qu’elles seraient à étudier dans leur simplicité primitive.

Le gouvernement que les tribus indigènes se sont donné pourrait être rangé au même droit, et parmi les autoritaires et parmi les démocratiques. La démarcation n’est pas rigoureuse entre le pouvoir du chef et celui du peuple ; le peuple se confond avec le chef et le chef avec le peuple. Tel chef se gère en autocrate, en Rey netto, tel autre en simple exécuteur de la volonté publique ; l’un se pose en tyran, l’autre en despote éclairé, celui-ci en monarque constitutionnel, celui-là en roi d’Yvetot. Quoi qu’il en soit, la communauté est fort respectée par son chef, quand elle est petite, d’autant plus qu’elle est petite. Cela s’explique.

  1. Dhangarin basa.